Représentations de la crise environnementale, ou crise de la représentation de l’environnement? Changement de paradigme au tournant du 21ème siècle.

Université de Savoie Mont-Blanc 

Appel à contributions

Si l’on place traditionnellement les transcendantalistes américains Thoreau et Emerson à l’origine de ce que l’on appelle le nature writing, les auteurs – notamment de fiction – n’ont eu de cesse de s’emparer de cette nature dont la définition pose tant problème, oscillant entre pure altérité avec le concept bien connu de wilderness[1] et approche à l’inverse exclusivement culturelle avec le concept d’anthropocène. Ainsi, ce terme a fait son apparition récemment pour faire référence à une nouvelle ère géologique conditionnée par les activités humaines. D’aucuns proposent, en réaction à ce concept qu’ils considèrent comme une essentialisation anhistorique, le terme de « capitalocène », que l’on peut considérer comme tout aussi problématique par ailleurs[2].

Quels sont les éléments déclencheurs de ces changements de paradigme ? Et y a-t-il réellement changement, ou restons-nous, pour ce qui est de la culture occidentale, cantonnés à l’opposition nature/culture, et à une continuité dans la croyance de notre toute puissance transformatrice ? Cette croyance est visible aujourd’hui par exemple dans les espoirs placés dans la géo-ingénierie pour la lutte contre le réchauffement climatique[3]. Notre hypothèse est que les crises environnementales entraînent des changements dans les représentations culturelles de ce que nous appelons l’environnement, et de notre relation à ce dernier. En retour, ces représentations conditionnent notre mode d’être dans l’environnement, affectant celui-ci. Il faudra aussi réfléchir à cette idée de crise, qui peut signifier soit un état passager, soit une transformation radicale[4]. La question de la fonction de l’art face à ces crises, mais aussi celle des frontières entre art et science, art et non-art, fiction et réalité, se pose.

Nous proposons à nos collègues chercheurs issus de diverses disciplines des sciences humaines telles que l’histoire, les cultural studies, la littérature (notamment l’écocritique), la philosophie, de nous envoyer des articles en vue d’une contribution à un volume pluridisciplinaire s’inscrivant dans le champ des humanités environnementales. Nous cherchons à explorer le paradoxe suivant : malgré la persistance au début du 21ème siècle de topoi manifestant une relation dichotomique entre l’homme et la nature, nos modes de représentation sont aujourd’hui en crise. Le besoin de repenser l’inscription de l’homme dans son environnement est en effet urgent, car de l’évolution de ces représentations dépendent aussi les solutions concrètes que nous pourrons éventuellement mettre en œuvre collectivement pour prévenir les effondrements qui s’annoncent.

Les propositions d’articles sont à envoyer à helene.schmutz@univ-smb.fr avant le 5 juin 2019.

Les articles ne devront pas dépasser les 10 000 mots (y compris les notes), et respecter les consignes aux auteurs des PUSMB.

 

 

[1]Edward Abbey, Desert Solitaire: a Season in the Wilderness, New York: Ballantine Books, 1968.

[2]Armel Campagne,  Le Capitalocène, aux racines historiques du dérèglement climatique, Editions Divergences, 2017.

[3]Clive Hamilton,  Les Apprentis sorciers du climat : raisons et déraisons de la géo-ingénierie [« Earthmasters: Playing God with the climate »], Seuil, coll. « Anthropocène », 2013.

[4]Michel Serres, Le Temps des crises, Le Pommier, 2009.

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